Maison Actualités Maroc : croissance de l’économie de 5% en 2025, mais des défis à relever

Maroc : croissance de l’économie de 5% en 2025, mais des défis à relever

par Laila
Maroc économie

Le Maroc est prêt à faire un bond économique en 2025, avec une croissance du PIB prévue à 5 %, contre 3,3 % en 2024, selon un nouveau rapport de Fitch Solutions. C’est une nouvelle encourageante pour le pays, mais le chemin vers la prospérité ne sera pas sans heurts. De l’agriculture au chômage en passant par les risques extérieurs, nous examinons ce qui attend l’économie marocaine et comment les préparatifs de la Coupe du monde de la FIFA 2030 pourraient changer la donne.

Pourquoi l’économie marocaine est-elle en croissance ?

La croissance prévue de 5 % en 2025 (bien qu’ajustée de 5,6 % en raison d’une récolte plus faible) repose sur plusieurs facteurs clés :

  • Lessecteurs non agricoles prennent la tête. L’industrie automobile, l’aérospatiale et les énergies renouvelables attirent d’importants investissements directs étrangers (IDE), qui ont augmenté de 55,4 % en 2024.
  • Une politique monétaire favorable: La banque centrale du Maroc, Banque Al Maghrib, prévoit de réduire son taux de référence de 25 points de base en 2025 pour le porter à 2,25 %, ce qui réduira les coûts d’emprunt et stimulera l’investissement privé.
  • Projets d’infrastructure: Les préparatifs de la Coupe du monde de la FIFA 2030, que le Maroc organise conjointement avec l’Espagne et le Portugal, et de la Coupe d’Afrique des Nations 2025 accélèrent la construction de stades, de routes et d’hôtels. Par exemple, il est prévu de rénover six stades de football et de construire un nouveau stade de 100 000 places pour un coût d’environ 20,5 milliards de dirhams (2 milliards de dollars).
  • Le tourisme est en hausse: En 2025 , 17,8 millions de touristes devraient visiter le pays (contre 16,8 millions en 2024), en partie grâce à la CAN 2025. Le tourisme a déjà généré un montant record de 115 milliards d’ AED (10,5 milliards de dollars) en 2023.
  • Lesenvois de fonds des Marocains de l’étranger augmenteront à mesure que les conditions économiques en Europe s’amélioreront, soutenant les dépenses de consommation.

L’inflation restera faible, à environ 1,6 %, et l’augmentation des salaires dans le secteur public renforcera la confiance des ménages, ce qui assurera la stabilité de la consommation privée.

Quels sont les défis auxquels le Maroc est confronté ?

Malgré ces perspectives positives, l’économie marocaine est confrontée à de sérieux obstacles :

  • La faiblesse de l’agriculture: Le secteur, qui emploie près de 30 % de la population, souffre de conditions météorologiques défavorables, notamment de sécheresses qui ont duré six années consécutives. Bien que les pluies de l’automne 2024 aient apporté un certain soulagement, les rendements resteront inférieurs à la moyenne, ce qui limitera les exportations et augmentera les importations de denrées alimentaires.
  • Lechômage: Le taux de chômage est de 13,3 %, le chômage des jeunes (15-24 ans) atteignant 36,7 %. La faiblesse de l’agriculture exacerbe la situation, limitant la croissance des revenus et les dépenses de consommation.
  • Contribution limitée des exportations: Les exportations nettes auront un impact quasi nul sur la croissance en 2025. Si le tourisme et la demande européenne (l’Europe devrait passer de 1,3 % en 2024 à 1,5 % en 2025) soutiendront les exportations, la faiblesse du secteur agricole et l’augmentation des importations annuleront ces bénéfices.
  • Risques externes:
    • Les tensions géopolitiques au Moyen-Orient pourraient faire grimper les prix du pétrole, entraînant des pressions inflationnistes.
    • Un ralentissement en Europe, principal partenaire commercial du Maroc, pourrait affecter les exportations de voitures et de textiles.
    • Les droits de douane américains potentiels sur des produits stratégiques tels que les semi-conducteurs auront un impact limité (seulement 0,5 % des exportations totales du Maroc), mais ajouteront encore de l’incertitude.
  • Tensions sociales: Les niveaux élevés de pauvreté (6,4 % de la population est multidimensionnellement pauvre) et l’économie informelle (environ 30 % du PIB) rendent le progrès social difficile. Les manifestations concernant le chômage et le coût de la vie sont de plus en plus fréquentes, bien que le gouvernement autorise les protestations pacifiques.

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Comment l’agriculture affecte-t-elle l’économie ?

L’agriculture reste le talon d’Achille du Maroc, bien qu’elle ne représente que 11,1 % du PIB. Elle emploie 30 % de la main-d’œuvre, mais les sécheresses, comme la sécheresse record de 2023, ont considérablement réduit les rendements. Le gouvernement investit dans des technologies permettant d’économiser l’eau, comme les barrages et les usines de dessalement (par exemple, une usine à Casablanca qui sera la plus grande d’Afrique avec une capacité de 300 millions de m³ par an), mais ces projets prennent du temps. Le plan « Génération verte 2020-2030 » vise à accroître la durabilité de l’agro-industrie, mais les défis à court terme, tels que le besoin d’importations, persisteront.

Le tourisme aidera-t-il à relever ces défis ?

Le tourisme est l’un des principaux moteurs de l’économie marocaine, et il promet d’être encore plus fort en 2025. LaCoupe d’Afrique des Nations 2025, qui aura lieu en décembre, attirera l’attention sur des villes comme Marrakech, Casablanca et Fès, tandis que les préparatifs de la Coupe du monde de la FIFA 2030 stimulent la construction d’hôtels ( 100 000 lits sont prévus). Le gouvernement a pour objectif ambitieux d’attirer 17,5 millions de touristes d’ici 2026 et de générer 120 milliards d’AED de recettes. Cependant, le tourisme ne peut à lui seul compenser la faiblesse de l’agriculture ou le taux de chômage élevé, car il crée surtout des emplois saisonniers.

Quel est le rôle de la Coupe du monde 2030 ?

La Coupe du monde de la FIFA 2030 avec l’Espagne et le Portugal n’est pas seulement un événement sportif, mais aussi un catalyseur économique. On estime qu’elle apportera au Maroc 1,2 milliard de dollars de retombées économiques grâce aux éléments suivants :

  • L’infrastructure: Amélioration des aéroports, des routes (3380 km de nouvelles voies rapides sont prévues d’ici 2030) et des ports, tels que Tanger-Med, le plus grand de la Méditerranée.
  • L’investissement: La nouvelle charte d’investissement offre jusqu’à 30 % de financement aux investisseurs dans les secteurs du tourisme, de la construction et de la technologie.
  • Tourisme: Le tournoi devrait attirer des millions de visiteurs qui resteront plus longtemps que d’habitude, ce qui augmentera les revenus des hôtels et des restaurants.

Toutefois, des études économiques montrent que ce type d’événement ne répond pas toujours aux attentes exagérées. Par exemple, la création d’emplois peut être temporaire et le chômage augmente parfois après le tournoi. Le Maroc devrait se concentrer sur les avantages à long terme, tels que l’amélioration de l’image du pays et l’attraction d’investissements directs étrangers dans les énergies et technologies vertes.

Qu’en est-il des investissements directs étrangers (IDE) ?

Le Maroc reste attractif pour les investisseurs étrangers en raison de sa position stratégique et de son climat d’affaires favorable. En 2024, les IDE nets ont augmenté de 55,4 %, les principaux flux entrants se situant dans le secteur automobile :

  • L’automobile (Renault et Stellantis augmentent leur production).
  • L’aérospatiale (Boeing et Airbus ont des fournisseurs au Maroc).
  • Lénergie renouvelable (projets d’hydrogène vert par Engie et d’autres).

La nouvelle charte d’investissement et les accords de libre-échange, en particulier avec les États-Unis, facilitent l’afflux de capitaux. Le Maroc est le seul pays africain à disposer d’un accord de libre-échange avec les États-Unis qui élimine les droits de douane sur 95 % des marchandises. Les plans pour 2030 prévoient une augmentation de la part de l’investissement privé à deux tiers du total, ce qui soutiendra les projets pour la Coupe du monde de 2030.

Comment le Maroc peut-il relever les défis ?

Pour réaliser son potentiel de croissance de 5 % et minimiser les risques, le Maroc doit

  • Diversifier l’économie: Réduire la dépendance à l’égard de l’agriculture en développant la technologie et l’industrie.
  • Lutter contre le chômage: Réformer l’éducation pour préparer les jeunes aux besoins du marché du travail, en particulier dans le secteur technologique. Le gouvernement prévoit de moderniser le système éducatif d’ici 2030, conformément aux objectifs de développement durable des Nations unies.
  • Investir dans la durabilité: Accélérer les projets de conservation de l’eau et d’énergie renouvelable (l’objectif est que 52 % de l’énergie provienne de sources renouvelables d’ici à 2030).
  • Renforcer la cybersécurité: À la suite de la récente cyberattaque contre la base de données de la sécurité sociale (avril 2025), la protection de l’infrastructure numérique est devenue essentielle, en particulier avec le déploiement de la 5G pour la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030.

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Conclusion : Optimisme et prudence

L’économie marocaine est en passe de croître de 5 % en 2025, sous l’impulsion du tourisme, des investissements étrangers et des préparatifs des grands événements sportifs. Toutefois, la faiblesse de l’agriculture, le taux de chômage élevé et les risques externes tels que l’instabilité géopolitique ou un ralentissement en Europe pourraient freiner les progrès. La Coupe du monde 2030 et la CAN 2025 offrent des occasions uniques de moderniser les infrastructures et d’attirer des capitaux, mais le Maroc doit s’attaquer à des problèmes structurels tels que sa dépendance à l’égard de l’agriculture et de l’économie informelle pour soutenir la croissance. Suivez l’actualité du Maroc, qui se prépare non seulement à une fête du football, mais aussi à une percée économique !

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