Le gouvernement marocain a annoncé la prolongation de son programme de subventions à l’importation de blé tendre jusqu’au 31 décembre 2025, en réponse à une sécheresse persistante ayant fortement réduit la production céréalière nationale. Cette décision stratégique vise à stabiliser le prix du pain – un aliment de base pour les Marocains – et à garantir la sécurité alimentaire face aux défis mondiaux. En 2025, cette initiative reste cruciale pour un pays dépendant des importations de blé. Voici ce qu’il faut savoir sur cette mesure et ses implications !
Pourquoi prolonger les subventions ?
La sécheresse prolongée au Maroc a sévèrement affecté les récoltes de blé pour la campagne 2024/25. Selon le Service agricole étranger (FAS) du ministère américain de l’Agriculture, la production de blé pour 2025/26 devrait être inférieure à la moyenne des dix dernières années en raison de :
Réduction des surfaces semées : La sécheresse et les conditions climatiques défavorables ont limité les terres cultivables.
Chaleur en début de saison végétative : Des températures élevées ont perturbé le développement des cultures.
Pour répondre à une demande estimée à 10 millions de tonnes, le Maroc prévoit d’importer 7,3 millions de tonnes de blé en 2025/26, soit une hausse de 42 % par rapport à la moyenne de la dernière décennie. Le maintien des subventions permet de conserver des prix du pain abordables, une question politiquement sensible dans le pays.
Comment fonctionne le programme de subventions ?
L’Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses (ONICL) gère ce programme, activé lorsque le prix mondial du blé tendre dépasse 270 dirhams par quintal (environ 281,3 $/tonne). Les importateurs reçoivent une compensation forfaitaire couvrant la différence entre le coût moyen à l’importation et le prix cible.
Évolutions récentes des montants de subvention :
Janvier 2025 : 14,71 dirhams/quintal
Février 2025 : 14,06 dirhams/quintal
Mars 2025 : 14,77 dirhams/quintal
Avril 2025 : 7,02 dirhams/quintal (réduction due à la stabilisation des prix mondiaux)
Ces ajustements reflètent la politique marocaine d’adaptation aux conditions du marché, assurant stabilité aux consommateurs et soutien aux meuniers locaux. La nouvelle phase du programme s’étendra du 1er mai au 31 décembre 2025 pour garantir la continuité des importations.
Impact sur les importations et les fournisseurs
La prolongation des subventions stimule les importations, notamment depuis l’Europe de l’Est, où les prix demeurent compétitifs. En 2024/25, les principaux fournisseurs de blé du Maroc étaient :
France : 43 % des importations
Canada et Allemagne : 14 % chacun
Russie : 8 %, avec une forte hausse atteignant 960 137 tonnes de juin à décembre 2024
Cependant, selon Omar Yakoubi, président de l’Association marocaine des négociants en céréales, la France perd du terrain face à la Russie, la Roumanie, la Bulgarie et l’Ukraine, qui deviennent des alternatives attractives. Le blé de la région de la mer Noire, y compris l’Ukraine, gagne en popularité grâce à ses prix compétitifs et ses avantages logistiques. Entre janvier et février 2025, le Maroc a également importé d’importants volumes des pays baltes (235 500 tonnes de Lettonie et Lituanie) et de Bulgarie/Roumanie (239 800 tonnes).
Pourquoi est-ce important en 2025 ?
La prolongation des subventions jusqu’à fin 2025 a plusieurs impacts clés :
Sécurité alimentaire : Des stocks de blé stables (au 1er mars 2025, suffisant pour 2,5 mois de consommation) protègent la population contre les pénuries.
Stabilité économique : Le contrôle des prix du pain prévient les tensions sociales, vu son rôle essentiel dans l’alimentation.
Marché mondial : L’augmentation des importations marocaines offre des opportunités aux exportateurs, notamment l’Ukraine, malgré les défis logistiques dus à la guerre.
Un regard critique
Bien que les subventions évitent les pénuries, elles rendent le Maroc dépendant des importations, ce qui peut être risqué en cas de chocs géopolitiques ou de flambées des prix. De plus, la réduction de la subvention en avril 2025 (à 7,02 dirhams) pourrait indiquer une stabilisation temporaire du marché, mais elle ne résout pas le problème de la faible production nationale. Certains experts estiment que des investissements dans l’irrigation et des variétés de blé résistantes pourraient réduire cette dépendance à long terme.
Conclusion
La prolongation des subventions à l’importation de blé jusqu’au 31 décembre 2025 constitue une mesure clé du Maroc pour assurer la sécurité alimentaire et la stabilité des prix du pain dans un contexte de sécheresse persistante. Le programme soutient les importations, notamment depuis la région de la mer Noire, dont l’Ukraine, et crée des opportunités pour les exportateurs. Toutefois, la dépendance croissante aux importations souligne l’urgence de solutions durables pour l’agriculture marocaine.
Pensez-vous que le Maroc devrait investir davantage dans la production locale, ou l’importation reste-t-elle la meilleure option ? Partagez votre avis !
